Discours de François Braun sur la refondation du métier infirmier

Vendredi 26 mai 2023

François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention est intervenu au sujet de la refondation du métier infirmier.

Seul le prononcé fait foi.

Mesdames, Messieurs,

Introduction du séminaire

L’histoire des infirmières et infirmiers, l’histoire du rôle et du métier infirmier est aussi ancienne que celle de nos civilisations, tant le soin est un élément central de nos sociétés.

On retrace l’origine du terme « infirmier » à l’époque des grandes épidémies du Moyen-Âge, où cette fonction se distingue – déjà ! – par son caractère essentiel dans l’accompagnement des malades.

Les infirmiers sont alors l’une des premières professions à structurer de véritables organisations des soins, et à développer des formations dédiées, d’abord via les ordres et les congrégations religieuses.

Ensuite, à partir du XIXe siècle, le métier infirmier accompagne la mise en place des premières politiques d’hygiène et d’assistance publique, et participe donc à la naissance du système hospitalier et de santé que nous connaissons aujourd’hui.

C’est à cette époque que Florence Nightingale, pionnière des soins infirmiers modernes, convaincue que pour savoir soigner, il faut avoir appris, met en place ce qu’on pourrait assimiler aux tout premiers « référentiels de formation » dans des cursus où les élèves complètent leurs apprentissages grâce à des expériences de terrain.

C’est sur ce modèle, qu’en France, à l’initiative du docteur Bourneville, les écoles d’infirmières publiques et laïques sont créées en 1882.

Le XXe siècle est ensuite celui ou se forge une véritable identité professionnelle infirmière, notamment sous l’influence de Léonie Chaptal.

Avec des besoins de santé croissants et les progrès de la science, les soins infirmiers apparaissent alors progressivement comme une discipline à part entière, s’enrichissant d’une pratique et d’un savoir spécifiques.

Cette reconnaissance se traduit dans les textes, avec la loi 31 mai 1978, qui est toujours en vigueur, et qui reconnait un « rôle propre » à la profession infirmière, pour la première fois, lui octroyant ainsi une autonomie sur certains actes dans la prise en charge des patients.

J’ai tenu à prendre le temps de revenir, brièvement, sur ces quelques étapes de la grande histoire de votre profession.

Tout d’abord pour rappeler combien les infirmiers ont toujours été un pilier essentiel de notre système de santé :
 

  • Non seulement en raison de votre nombre : vous êtes près de 650 000, à l’hôpital comme en ville ;
  • Mais aussi en raison de votre polyvalence et de la vaste gamme de services de santé que vous assurez ;
  • Comme par votre capacité à vous adapter à l’évolution des besoins de santé, en étant des moteurs proactifs de l’affirmation et de la transformation de votre métier !

Mais surtout, car je veux inscrire cette année 2023 comme un jalon important de cette histoire.

Non pas, rassurez-vous, parce que j’aurais l’ambition de marquer l’Histoire ! Mais parce que j’ai la conviction qu’aujourd’hui, il est temps de franchir un nouveau cap ! C’est bien de cela dont il était question, lorsque j’ai dit dans mes vœux, que cette année serait « l’année des infirmiers ».

La dernière révision du décret infirmier date de 2004… c’était il y a presque 20 ans ! Face à des défis nouveaux, au vieillissement de la population, aux progrès de plus en plus rapides de la science et de la technologie, il est plus que temps de projeter le métier infirmier dans une nouvelle modernité, pour lui redonner tout son sens, lui donner toute sa place et lui ouvrir de nouvelles perspectives.

Nous devons résolument nous appuyer sur les infirmiers pour poursuivre la refondation de notre système de santé.

C’est pour cela que j’ai tenu à vous réunir ici, au ministère de la Santé et de la Prévention, vous qui représentez la profession dans toute sa diversité.

Chaque acteur du parcours de vie professionnelle de l’infirmier a sa part de responsabilité dans le système. La mobilisation collective est nécessaire, pour la co-construction d’une formation rénovée et d’un cadre d’exercice modernisé.

Ma méthode de travail c’est résolument celle de la concertation, qui laisse la place et la parole au terrain et aux acteurs, car je le répète : vous êtes les principaux acteurs du changement.

Ce changement, il doit être global et ambitieux, pour véritablement transformer le métier dans ses trois axes structurants : les compétences, la formation et les carrières.

J’aurai l’occasion d’y revenir en détail tout à l’heure.

Avant d’entamer notre riche programme, je ne peux pas manquer de penser au drame qui a frappé tout le monde de la Santé, et en premier lieu la profession infirmière, cette semaine. Et nous avons tous une pensée pour nos collègues de Reims en cette fin de semaine.

Je cède sans plus tarder la parole aux membres de la mission IGAS/IGESR, à qui j’ai demandé de préfigurer les évolutions et transformations sur lesquelles nous allons collectivement poursuivre notre travail.

Et je vous souhaite, à tous, un bon séminaire !

Conclusion du séminaire

Mesdames et Messieurs,

Quand je vois la richesse des échanges qui viennent d’avoir lieu, la diversité des initiatives et des innovations locales, l’envie, l’enthousiasme et l’énergie qui nous rassemblent dans ce chantier collectif, je me dis que nous avons, résolument, tous les ingrédients pour réussir la transformation du métier infirmier, par la refonte des compétences, de la formation et des carrières.

C’est une nécessité forte que d’investir durablement dans l’avenir de cette profession essentielle, pour maintenir nos forces vives, assurer leur équilibre professionnel et personnel, et inciter les plus jeunes à être toujours plus nombreux à les rejoindre !

Les compétences

Le décret infirmier, concernant l’exercice de la profession et les actes professionnels, est ancien, il date de 1962. Sa dernière révision, je l’ai mentionné tout à l’heure, date de 2004, et sa logique n’est plus adaptée à la réalité actuelle du métier !

Les tâches réalisées par les infirmiers sont de plus en plus techniques et diversifiées.

D’une part, parce que les progrès de la science et des technologies innovantes accélèrent la nécessité de renouveler les pratiques.

D’autre part, des facteurs structurels forts comme le vieillissement de la population, ou le poids des maladies chroniques nous imposent d’élargir le cadre d’action et de renforcer les compétences des infirmiers, pour qu’ils puissent véritablement prendre toute leur part dans la réponse aux besoins de santé croissants des Français.

Enfin, dans un moment crucial pour la démographie des professions de santé, c’est un véritable enjeu d’attractivité et de fidélisation que de valoriser en ouvrant plus largement le champ des possibles de la profession infirmière.

Les infirmiers interviennent dans toutes les étapes des parcours de soins, accompagnent les patients dans la durée, avec une vision globale des soins, qui leur est tout à fait spécifique. Et sur laquelle s’appuient beaucoup d’autres professions.

Je sais d’ailleurs que les internes qui arrivent à l’hôpital, apprennent toujours beaucoup de leur expérience. Je me souviens que, lorsque j’étais moi-même jeune interne à Verdun, c’est une infirmière qui m’a appris à faire mes premiers points de suture !

Il est essentiel que le cadre de leur métier reflète mieux le dynamisme et la polyvalence de leur exercice.

Aussi, quand on sait combien les tensions en ressources humaines pèsent sur notre système de santé, la meilleure utilisation des compétences des infirmiers constitue un enjeu clé des prochaines années.

Ainsi, pour les infirmiers et leurs patients, comme le préconise la mission IGAS-IGESR, nous passerons d’un encadrement strict des actes autorisés à une approche plus agile, autour de grandes missions.

Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est une révolution… mais c’est un vrai changement d’importance dans notre manière d’envisager le métier.

La Covid-19 a été un véritable révélateur des insuffisances de cette approche limitative par actes, qui est, d’ailleurs, une particularité française.

Au cœur de la crise, la nécessité de l’urgence des situations a conduit les infirmiers à dépasser leur cadre usuel d’exercice.

Les infirmiers ont été plus qu’à la hauteur dans la mobilisation nationale contre la pandémie. Ils ont vacciné à tour de bras, ils ont soigné, dépisté, organisé… c’est quelque part une aubaine, car ils ont ainsi rendu visible toute l’étendue de leur potentiel, que nous devons de pleinement exploiter !

Nous définirons donc, au cours des prochains mois, avec l’ensemble des professionnels concernés, quelles sont ces grandes missions, tout en conservant certains actes spécifiques.

Un exemple très concret de ce que seront ces missions, c’est tout ce que nous avons mis en place récemment, grâce à l’adoption de la loi dite « Rist 2 », sur les plaies chroniques.

La prise en charge des plaies, c’est véritablement un soin de proximité, qui est au cœur de l’expertise infirmière. Les infirmiers pourront désormais les prendre en charge directement, et avoir toute la latitude nécessaire pour suivre la cicatrisation et éviter les risques infectieux - le tout bien sûr en s’articulant avec le médecin traitant.

L’entrée dans cette logique avait été amorcée, dès 2009, avec la mise en place, dans la loi HPST, des protocoles de coopération, qui permettent un transfert d’activités ou d’actes, de manière dérogatoire.

Je pense notamment au protocole concernant l’éducation thérapeutique autour de la prise en charge de l’insuffisance cardiaque, ou encore aux consultations d’addictologie pour les patients en sortie d’hospitalisation, qui correspondent tout à fait à la vocation d’accompagnement des parcours de soin, qui est au cœur du métier infirmier.

Nous proposerons donc de passer dans le droit commun certains de ces protocoles de coopération nationaux, dont les professionnels se sont déjà largement saisis.

La logique dérogatoire des protocoles de coopération sera bien entendu maintenue, en particulier pour les protocoles locaux, où ils prennent tout leur sens, notamment pour répondre à des besoins identifiés ou à des expertises spécifiques dans certains établissements.

La formation

Toute l’ambition que nous avons pour adapter l’exercice infirmier aux nouveaux enjeux de la santé, requiert de la technicité et de l’autonomie, de la rigueur ainsi qu’une véritable capacité à travailler en équipe.

C’est pour cela que nous devons, avec la même ambition, repenser la formation des futurs infirmiers pour prendre en compte toutes ces nouvelles données.

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Avant même la formation en tant que telle, j’attache une importance prioritaire à diversifier et ouvrir largement les voies d’entrée en formation infirmière.

Je veux ici souligner combien le métier infirmier est le reflet du visage de la France, dans toute sa diversité. Les infirmiers sont présents dans tous les territoires et viennent de toutes nos régions.

Je veux souligner aussi que 50 % des jeunes en formation sont issus des catégories populaires : ils ont choisi ce métier aussi par ce qu’il est, et doit continuer d’être un vecteur de mobilité sociale et un outil d’égalité des chances.

Je pense ici, bien sûr, aux cordées de la réussite, dont nous avons eu un bel exemple aujourd’hui avec l’IFSI de Saint-Venant à Arras dans les Hauts de France !

Ces cordées permettent un accompagnement continu de la classe de quatrième à la terminale, pour donner à chaque élève bénéficiaire les moyens de construire pas à pas son propre parcours de réussite.

Le succès de ce dispositif appliqué à la formation infirmière dans le Pas-de-Calais, mais je pourrais aussi mentionner l’IFSI d’Ussel, en Corrèze, me conforte dans l’objectif d’en étendre encore la portée.

Ainsi, je veux que d’ici la rentrée prochaine, nous ayons doublé le nombre d’IFSI impliqués dans une cordée pour la rentrée 2023, afin qu’ils deviennent des ambassadeurs auprès des autres IFSI, dans une dynamique d’émulation positive.

Mon objectif est que, d’ici 2024, nous ayons réussi à achever l’adhésion d’au moins un IFSI par GHT dans une cordée, afin de couvrir l’ensemble du territoire.

Je pense aussi aux autres voies d’accès comme les nouveaux « parcours réussite », ou bien encore à l’apprentissage, qui permet d’être rémunéré, et que nous voulons développer, dès la première année de formation, dès la rentrée prochaine.

Voilà, là encore, une avancée complémentaire, pour moderniser la formation, et aussi pour renforcer l’égalité des chances et l’attractivité de ces parcours de formation !

Parcoursup est aussi un véritable outil de visibilité et d’accessibilité des formations. J’en veux pour preuve les plus de 100 000 demandes de formations infirmières formulées sur la plateforme. C’est la plus grande cohorte sur Parcoursup depuis son ouverture en 2019 !

Nous nous efforçons ainsi, chaque année, de renforcer les ressources et les messages d’information à destination des candidats. La mise en place, depuis cette année, d’un questionnaire d’auto-positionnement leur permet notamment de s’interroger sur leur parcours, la connaissance du métier, afin de mieux cerner les attentes des formations.

Je lancerai, dans les prochains jours, en lien avec le ministère de l’Enseignement supérieur, une mission pour continuer de faire évoluer la plateforme.

Nous ne devons plus entendre, sur les bancs de nos instituts ou dans nos hôpitaux, que passer par Parcoursup ne nous amène plus les bons candidats dont nous avons besoin.

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Ces nouveaux étudiants aux profils divers, nous nous donnons largement les moyens de tous les accueillir, avec plus de 6 000 nouvelles places en IFSI créées depuis 2020. C’est une augmentation capacitaire inédite, qui a été notamment permise grâce à une collaboration étroite avec les Régions, avec lesquelles nous continuerons d’avancer. Au total, ce sont plus de 38 000 futurs infirmiers qui feront leur rentrée dans les instituts en septembre prochain !

Et surtout, j’y reviens, nous rénovons leur formation, dans un nouveau référentiel correspondant aux évolutions du métier et aux aspirations de la nouvelle génération.

Ce sont bien sûr de nouveaux enseignements, correspondant aux besoins populationnels - tels que la pédiatrie, la psychiatrie - que nous intégrerons dans le nouveau référentiel. Mais c’est aussi une pédagogie repensée et de nouveaux outils d’enseignement, comme la simulation sous toutes ses formes, ainsi que l’engagement d’une transformation de la politique de stage.

Les stages sont cruciaux dans la formation infirmière. Cette expérience professionnalisante doit être anticipée et accompagnée, afin de permettre à l’étudiant de se projeter dans son métier de manière sereine.

Le ministère s’engage à définir, avec les différentes parties prenantes, un plan d’action global en la matière.

Rénover la formation, c’est aussi poursuivre le mouvement d’universitarisation.

Cette universitarisation, elle est tout à fait logique alors que nous introduisons de nouveaux enseignements. Il faut le rappeler, la formation infirmière est une formation d’excellence.

L’universitarisation, c’est aussi, pour les étudiants, une valorisation de leur parcours, consacré par un diplôme délivré par la faculté.

Elle offre par ailleurs de nouvelles perspectives pour des enseignants chercheurs. Sur ce point, l’IGAS et l’IGESR rendront fin juin les conclusions d’une mission dédiée, mais je veux déjà vous dire aujourd’hui l’attachement qui est le mien à travailler à des postes bi-appartenants, hospitaliers et universitaires, dans nos filières de sciences infirmières, de sciences de la rééducation et de maïeutique. J’y tiens parce que c’est, là encore, un facteur d’attractivité et une garantie d’excellence !

L’universitarisation, c’est enfin un élan pour la recherche et l’innovation en sciences infirmières. Le métier d’infirmier est très riche. On connaît bien son aspect très professionnalisant, sur le terrain, auprès des patients. Il faut affirmer que l’expertise infirmière est aussi savante, et contribue pleinement au développement et à l’avancée des sciences de la santé.

Sur tous ces points, la professeure Christine Ammirati, missionnée en ce sens, concerte bon nombre de parties prenantes pour me remettre des scénarii d’évolution, vers une intégration pédagogique des instituts de formation avec l’université, d’ici fin juin – je le rappelle, nous n’allons pas vers une intégration organique !

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Ces étudiants plus nombreux, aux profils plus divers, que nous accueillons dans des formations rénovées, il nous faut, finalement arriver à mieux les accompagner, tout au long de leur cursus.

Je veux, et je crois en la capacité du système à diplômer chaque étudiant qui entre en formation !

Si l’objectif de remplissage des IFSI est atteint à chaque rentrée, il existe encore une trop forte déperdition des étudiants en cours de formation. 10 % des étudiants arrêtent leur formation durant leur première année.

La politique d’amélioration de l’accompagnement des périodes de stage, dont j’ai parlé, participe à cet effort de renforcement et d’amélioration du suivi des étudiants.

Le développement du tutorat et du mentorat est aussi un objectif prioritaire, et même désigné « grande cause » nationale 2023 par la Première ministre.

Dès la rentrée 2023, un guide du mentorat sera mis à disposition des IFSI et des établissements, et un grand plan d’accompagnement au déploiement et à la formation des mentors sera mis en place.

L’objectif est que tous les étudiants infirmiers entrant en première année et désireux d’échanger avec un mentor puissent le faire durant le premier trimestre 2023.

Je souhaite aussi que nous travaillions, collectivement, sur le tutorat durant les stages : parce que la découverte du métier doit être accompagnée, parce qu’elle est parfois difficile, parce qu’il y a beaucoup de choses à apprendre, dans les gestes comme dans la relation aux patients et aux équipes. Je souhaite mieux valoriser ceux qui consacrent du temps à « tutorer » les futurs professionnels.

Oui, cela a de la valeur de transmettre son expérience, de guider un futur collègue. Je suis persuadé que c’est aussi un moyen de lui donner envie de rejoindre l’équipe une fois sa formation terminée !

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L’un des moments les plus important des études, c’est aussi quand elles viennent à se terminer ! C’est toujours un accomplissement, une fierté, mais c’est aussi un défi.

L’entrée dans la vie professionnelle et le passage du statut d’étudiant à celui de soignant est parfois difficile, nous devons sécuriser ces transitions.

Aussi, nous examinerons prochainement au Parlement une disposition législative visant à interdire la pratique de l’intérim en sortie de formation afin de permettre aux jeunes infirmiers de commencer leur carrière dans un cadre stable et sécurisant d’un collectif de travail, nécessaire pour consolider leurs acquis.

Les carrières

J’ai eu l’occasion d’évoquer la diversité du métier infirmier, son caractère d’excellence, tout en étant un moteur d’ascension sociale.

Quand on entre dans le métier infirmier, les perspectives sont très vastes : vers la recherche, je l’ai mentionné, mais aussi le management, et je salue ici les cadres de santé présents, la formation, qui est aussi largement représentée, sans oublier la diversité des spécialités…

Cette diversité d’évolution de carrière, il faut la faire connaître, la promouvoir, la renforcer et la faciliter !

C’est pour cela que la troisième « brique » de la refondation de la profession concerne la dimension de carrière infirmière, à qui je veux donner une nouvelle impulsion.

Le métier infirmier est un métier d’avenir. Je veux notamment rénover et renforcer les équipes au sein desquelles ils exerceront leurs compétences élargies et verront leurs expertises reconnues, avec de nouvelles possibilités de progression et d’évolution professionnelle.

Ainsi, le déploiement de la pratique avancée, qui est une priorité gouvernementale, se poursuit.

Les IPA sont déjà près de 2 000 diplômés, et mon objectif est d’atteindre la barre des 5 000 IPA à échéance 2024.

Aussi, les textes d’application de la loi « Rist 2 », portant sur l’accès direct et la primo-prescription, dans le cadre de structures de soins coordonnés, et sous forme expérimentale pour les CPTS, seront rapidement rédigés et publiés.

Ces nouvelles perspectives d’exercice permettront de développer davantage la pratique avancée, qui est aussi une réponse forte aux enjeux de l’amélioration de l’accès aux soins et de la pertinence des parcours complexes.

Je veux prendre le temps de parler du métier d’IADE, comme de celui de celui d’IBODE, et d’infirmier puériculteur, qui sont aussi spécifiques que celui d’IPA, qui est plus récent.

Ils nécessitent chacun une définition en propre d’un cadre d’exercice en pratique avancée, en maintenant, comme le préconise le rapport IGAS-IGESR, de Jean DEBEAUPUIS et Patrice BLEMONT, la notion de spécialité infirmière.

Notion qui est ancienne et qui reste, en France, structurante dans l’identité de ces professionnels.

Les IADE, IBODE, Puer… toutes et tous ont une page à écrire dans ce que nous élaborons ensemble autour de la pratique avancée !

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Ces perspectives de carrière facilitées, élargies et renforcées sont un élément central pour l’attractivité du métier infirmier. C’est essentiel pour fidéliser les professionnels, comme pour donner envie aux jeunes.

Dans cette même perspective, vous savez l’importance que j’accorde à la qualité de vie et d’exercice des professionnels.

Je pense bien sûr, aux travaux que nous menons, et que je me suis engagé à accélérer hier, autour de la sécurité des soignants, en ville comme à l’hôpital.

C’est à tous les aspects de cet exercice quotidien que nous devons travailler. Car, on ne le répètera jamais assez : un soignant qui se sent bien, c’est un soignant qui soigne bien !

Sur ce champ en particulier, je suis conscient de la diversité et de la qualité des initiatives qui existent et ont été mises en place localement.

Il faut les valoriser et continuer de les co-construire, à l’image de ce qui a été fait durant les différentes réunions territoriales du CNR Santé. Il faut aussi les accélérer, et nous assurer que les professionnels voient la différence dans le quotidien de leur exercice !

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Conclusion

Cette méthode de concertation et de large association, c’est résolument la mienne, et nous allons, bien sûr, la poursuivre, dans les trois versants de cette refondation du métier infirmier qui devra aboutir en septembre 2024.

Nous lancerons ainsi :
 

  • De grandes consultations nationales auprès des infirmiers, des étudiants et des patients ;
  • Des concertations régulières avec les organisations syndicales ;
  • Des consultations et de la co-construction avec les acteurs institutionnels, les Régions et l’ensemble des élus, les ARS, les employeurs ;
  • La constitution de plusieurs « groupes témoins », initiés lors des ateliers du 11 et 12 mai où nous étions déjà rencontrés au ministère.

Mesdames et Messieurs, aujourd’hui le métier d’infirmier est à l’honneur, et j’ai annoncé de nombreuses mesures fortes que nous allons mener ensemble.

Si la transformation du métier infirmier est un vaste et ambitieux chantier en lui-même, il s’inscrit dans un ouvrage encore plus large, qui est celui de la rénovation de l’ensemble des professions paramédicales, dans cette même dynamique d’avenir et de décloisonnement. J’aurai prochainement l’occasion de faire des annonces en ce sens.

En quelque sorte… vous êtes des pionniers !

Infirmiers, infirmières, vous exercez un beau métier, un métier indispensable, un métier de vocation.

Je veux vous assurer, une fois encore, de mon engagement à vos côtés pour la modernisation de votre profession, avec ambition et en réaffirmant les valeurs soignantes d’altruisme et d’exigence qui le fondent.

Je vous remercie.