La gestion sanitaire des vagues de chaleur

Le changement climatique engendre une élévation globale des températures en France, ainsi qu’une augmentation de la fréquence, de la précocité, de l’intensité et de la durée des vagues de chaleur. Dans ses scénarii les plus pessimistes, Météo France prévoit que des canicules plus intenses et d’une durée cinq fois plus longue que celle de 2003 pourraient survenir en France.

À ce titre, les vagues de chaleur survenues en 2019, 2020 et 2022 ont été exceptionnelles par leur durée, leur fréquence, leur extension géographique et leur intensité : la survenue de canicules extrêmes a ainsi nécessité l’activation du niveau rouge de la vigilance météorologique canicule pour la première fois en 2019, puis à nouveau en 2020 et en 2022.

Il apparaît donc nécessaire de consolider nos outils de préparation et de réponse et de faire évoluer le dispositif de gestion sanitaire des vagues de chaleur sur la base des enseignements tirés des années précédentes et des expériences acquises.

A ce titre en 2023, une nouvelle instruction interministérielle rappelle les nouvelles orientations en matière de préparation et de gestion sanitaire des vagues de chaleur.
Ces dernières reposent dorénavant sur une disposition spécifique ORSEC gestion sanitaire des vagues de chaleur ainsi qu’un dispositif national d’appui et de conduite de crise sanitaire, tout en précisant les domaines de gestion non couverts car faisant l’objet d’un autre dispositif de coordination interministérielle en conduite de crise.

La préparation et la gestion sanitaire des vagues de chaleur

Afin de protéger les populations des impacts sanitaires liés aux vagues de chaleur, il importe d’une part de les sensibiliser aux gestes à adopter pour se protéger individuellement, d’autre part, de mettre en place des mesures de protection collective.

Sensibiliser les populations à adopter les bons gestes pour se protéger et protéger ses proches, notamment les plus vulnérables à la chaleur.

Dans ce cadre, les recommandations sanitaires émises par le Haut Conseil de la santé publique en 2014, avec des fiches destinées à différentes catégories de professionnels, d’aidants et de population, doivent être largement diffusées, car si la santé des populations vulnérables peut être impactée dès les premiers pics de chaleur, c’est bien la santé de toutes les populations qui peut être touchée en cas de canicule extrême, en particulier si elles pratiquent des activités à risques.

Pour cela :

  • Santé publique France met à la disposition de chacun, des supports de prévention (dépliants, brochures, affiches) en plusieurs langues ;
  • Le ministère chargé de la santé met à disposition, notamment du public, des infographies téléchargeables sur son site internet ;
  • Météo France relaie également les recommandations de comportement aux populations sur son site internet, dans le cadre du dispositif de vigilance météorologique.

Protéger les populations par la mise en œuvre de mesures collectives et adaptées visant à réduire les expositions

Il s’agit de protéger les différentes catégories de populations susceptibles d’être affectées par la chaleur grâce à des mesures adaptées de protection collective.

Ces mesures populationnelles relèvent essentiellement de la responsabilité des acteurs locaux, et sont définies dans la disposition spécifique ORSEC gestion sanitaire des vagues de chaleur, qu’il appartient au préfet d’élaborer avec l’ensemble des acteurs territoriaux concernés.

Ainsi, la préparation et la gestion sanitaire des vagues de chaleur s’appuient sur :

  • Un dispositif national de vigilance météorologique, permettant l’avertissement des pouvoirs publics et des populations ;
  • Une disposition spécifique ORSEC gestion sanitaire des vagues de chaleur, permettant la mise en œuvre des mesures de gestion appropriées à l’épisode et aux populations concernées au niveau départemental ;
  • Une disposition spécifique ORSAN EPI-CLIM, qui consiste à assurer la gestion des tensions dans l’offre de soins en situation d’épidémie, de phénomène climatique extrême (canicule, vague de froid) et/ou environnemental (pollution atmosphérique importante, fumées d’incendie de forêt, etc.). Dans la mesure où tous les secteurs de l’offre de soins sont concernés, les mesures de gestion définies dans ce plan doivent prendre en compte tous les acteurs concernés et prévoir les modalités de leur coordination par l’agence régionale de santé (ARS). Compte-tenu du caractère prévisible ou annoncé des situations sanitaires exceptionnelles qui sont l’objet de ce plan, il a vocation à être déclenché en anticipation pour mettre en œuvre les mesures de gestion précocement afin de limiter les tensions dans l’offre de soins ;
  • Une surveillance sanitaire, nationale et territoriale, permettant de mesurer l’impact de l’épisode et d’adapter le cas échéant les mesures mises en œuvre ;
  • Un dispositif national d’appui et de conduite de crise sanitaire, y compris en matière de communication, notamment pour les canicules extrêmes.

Les actions à mettre en œuvre pour atténuer les impacts sanitaires des vagues de chaleur doivent être préparées en amont de la période de survenue des vagues de chaleur, par l’ensemble des acteurs locaux concernés (institutionnels, associatifs, collectivités locales), sous la coordination du préfet de département.

Elles sont ensuite mises en œuvre dès le déclenchement de la vigilance météorologique jaune, sans attendre qu’un impact sanitaire soit constaté par le système de surveillance sanitaire. En effet, les impacts sanitaires d’une vague de chaleur peuvent être différés dans le temps, notamment chez les personnes âgées.

Les mesures à mettre en œuvre en cas de survenue d’une canicule (vigilance météorologique orange) sont principalement des mesures de sensibilisation de la population et d’adaptation des comportements, incitant à l’adoption de mesures de protection individuelle.

La survenue d’une canicule extrême (vigilance météorologique rouge) implique non seulement d’accentuer les mesures de protection individuelle des populations mais aussi d’envisager la mise en œuvre éventuelle de mesures de restriction d’activités (ex. sorties scolaires, examens scolaires, grands rassemblements, manifestation sportive ou culturelle, adaptation des horaires de travail…) ou de limitation des émissions de chaleur d’origine anthropique (circulation automobile, feux de forêt, etc.).

Quelle que soit leur nature, les mesures de gestion doivent être mises en œuvre dans une logique intersectorielle, au plus près des populations, et adaptées en fonction d’une part des caractéristiques de l’évènement (intensité, durée, etc.), et d’autre part des catégories de population à protéger : il s’agit de mesures populationnelles qu’il appartient à chaque acteur territorial de prendre dans son champ de responsabilités, sous la coordination du préfet de département.

Compte tenu de l’impact différé des vagues de chaleur, ces mesures, et notamment celles de sensibilisation de la population et d’adaptation des comportements, doivent être poursuivies quelques jours après la fin de l’alerte, notamment pour les personnes âgées.

L’ensemble des mesures à prendre pour protéger les populations sont intégrées dans la disposition spécifique ORSEC gestion sanitaire des vagues de chaleur qui vise notamment à :
 Identifier la stratégie de communication permettant de diffuser les recommandations sanitaires aux populations concernées ;
 Identifier l’ensemble des acteurs concernés (publics, privés et associatifs), ainsi que leurs missions et leurs moyens ;
 Identifier les actions devant être mises en œuvre par chacun de ces acteurs, en cas de survenue d’une vague de chaleur, et notamment les mesures permettant si nécessaire de restreindre certaines activités à risques en cas de déclenchement de la vigilance météorologique rouge ;
 Définir les modalités de suivi de la situation, au niveau local, et de reporting au niveau national ;
 Prévoir les modalités de réalisation de retour d’expérience, et d’amélioration continue du dispositif.

Par ailleurs, la disposition spécifique ORSEC gestion sanitaire des vagues de chaleur doit être articulée avec les autres dispositifs de préparation existants, notamment le plan départemental d’alerte et d’urgence au profit des personnes âgées et des personnes en situation de handicap en cas de risques exceptionnels.

Elle peut également s’appuyer sur les outils de soutien aux populations, qui relèvent d’obligations réglementaires, notamment :
 Au niveau des communes : le plan communal de sauvegarde et le registre communal nominatif relatif aux personnes âgées et en situation de handicap ;
 Au niveau des employeurs : le document unique d’évaluation des risques professionnels ;
 Au niveau des établissements médico-sociaux : le plan bleu ;
 Au niveau des établissements de santé : le plan de gestion des tensions hospitalières et des situations sanitaires exceptionnelles.

La disposition spécifique ORSEC gestion sanitaire des vagues de chaleur remplace le plan départemental de gestion d’une canicule.
Les niveaux d’actions (ex. « niveau de mobilisation maximale ») précédemment utilisés pour mettre en œuvre les mesures du plan national canicule sont abandonnés

Consulter :

pdf Guide ORSEC gestion sanitaire vagues de chaleur (2021) Téléchargement du pdf (1.5 Mio)

Les mesures de gestion doivent être mises en œuvre au plus près des populations par chaque acteur territorial sous le pilotage du préfet de département. Dans ce cadre, les collectivités jouent un rôle majeur.


L’objectif du guide élaboré par le ministère de l’intérieur est d’accompagner les maires et leurs services dans la mise en place des dispositions permettant de mieux faire face aux effets des vagues de chaleur sur les personnes.

Il présente un dispositif de gestion de crise qui s’intègre dans un outil dont l’utilité opérationnelle a été démontrée : le Plan Communal de Sauvegarde.

Le PCS développe la réponse de proximité, qui s’articule avec la réponse de l’Etat structurée au sein du dispositif ORSEC départemental, sous l’autorité du Préfet.

Ce guide participe à l’appui des communes et des établissements publics de coopération intercommunale pour assurer la sauvegarde des populations. Il vient en complément du guide pratique d’élaboration du Plan Communal de Sauvegarde auquel il se réfère pour l’organisation générale. Les principes et outils décrits sont à adapter au contexte local et aux spécificités du territoire concerné.

Consulter :

pdf Guide PCS vagues de chaleur (à destination des maires) - 2023 Téléchargement du pdf (1.6 Mio)

Le dispositif de vigilance météorologique permet d’identifier la survenue d’une vague de chaleur susceptible d’avoir un impact sanitaire et d’alerter les autorités et la population. Il concerne actuellement la France métropolitaine.

Il repose sur la mesure et la prévision des températures minimales et maximales sur 3 jours consécutifs, synthétisées sous la forme d’indices bio-météorologiques (IBM)5, qui sont comparés à des seuils départementaux prédéfinis pour chaque département, et réévalués en tant que de besoin.

Les vagues de chaleur sont prises en compte par le dispositif de vigilance météorologique pendant la période qui s’étend du 1er juin au 15 septembre de chaque année. Cette période peut être avancée ou prolongée de quelques jours si les conditions météorologiques l’exigent.

La vigilance météorologique se matérialise sous la forme de cartes nationales de vigilance pour la journée en cours et celle du lendemain (réactualisées a minima 2 fois par jour à 6 et 16 heures) et de bulletins de suivi, produits uniquement lorsque la situation le nécessite. Ces informations sont accessibles sur le site de Météo France : https://vigilance.meteofrance.fr/fr.

La carte nationale de vigilance comporte :

  • Une carte de synthèse par département, qui représente le niveau de danger maximum tous phénomènes confondus ;
  • Une vignette dédiée au phénomène canicule qui indique pour chaque département le niveau de vigilance pour ce phénomène. La carte est grisée et la mention « hors période canicule » apparaît dans la vignette en dehors de la période de production ;
  • Quatre couleurs (vert, jaune, orange, rouge) qui indiquent le niveau de vigilance correspondant à la gravité de l’évènement et à une situation donnée :
    • Le niveau de vigilance météorologique jaune correspond à un pic de chaleur : exposition de courte durée (1 ou 2 jours) à une chaleur intense présentant un risque pour la santé humaine, pour les populations fragiles ou surexposées notamment du fait de leurs conditions de travail ou de leur activité physique.
    • Il peut aussi correspondre à un épisode persistant de chaleur : températures élevées durablement (IBM proches ou en dessous des seuils départementaux) ;
    • Le niveau de vigilance météorologique orange correspond à une canicule : période de chaleur intense et durable pour laquelle les IBM atteignent ou dépassent les seuils départementaux, et qui est susceptible de constituer un risque sanitaire pour l’ensemble de la population exposée ;
    • Le niveau de vigilance météorologique rouge correspond à une canicule extrême : canicule exceptionnelle par sa durée, son intensité, son extension géographique, à fort impact sanitaire pour tout type de population ou qui pourrait entraîner l’apparition d’effets collatéraux notamment en termes de continuité d’activité.

L’ensemble de ces situations (pic de chaleur, canicule et canicule extrême) est regroupé sous le terme générique de « vagues de chaleur », qui désigne donc une période au cours de laquelle les températures peuvent entraîner un risque sanitaire pour la population.

À l’exception du niveau de vigilance météorologique rouge, le passage d’un niveau de vigilance à un autre pour un ou des départements est déterminé par Météo France sur la base des référentiels établis :

  • Concernant la vigilance jaune : notamment lorsque les températures attendues sont durablement élevées (IBM proches ou en dessous des seuils départementaux) ou qu’une période de très fortes températures sur une très courte durée (1 à 2 jours) est prévue ;
  • Concernant la vigilance orange : en cas de franchissement simultané des seuils départementaux relatifs aux températures maximales et minimales pour des périodes d’au moins 3 jours consécutifs.

En revanche, le classement en vigilance météorologique rouge relève d’une décision prise par Météo France en accord avec le ministère chargé de la santé, et, le cas échéant, avec les autres ministères concernés, et notamment le ministère de l’Intérieur, eu égard à la diversité des impacts attendus autres que sanitaires (sociétaux, économiques, environnementaux), permettant de moduler l’appréciation de la situation en intégrant d’éventuels facteurs aggravants. Cette décision reste fondée sur une expertise préalable menée par Météo France avec le concours de Santé publique France.

Le classement en vigilance météorologique rouge résulte :

  • D’une situation correspondant a minima aux critères d’un classement en vigilance orange (à savoir, des IBM dépassant les seuils départementaux) ;
  • D’un croisement de dires d’experts météorologues (qui s’attache au plan météorologique à évaluer le caractère exceptionnel pour chaque département de la vague de chaleur en cours ou prévue) et d’experts épidémiologistes (risque sanitaire attendu en termes de surmortalité et catégories de population potentiellement impactées) ;
  • D’un échange entre les experts météorologues, épidémiologistes et les autorités sanitaires nationales, explicitant le caractère exceptionnel des températures, les risques attendus d’un point de vue sanitaire et les catégories de population potentiellement concernées. Cet échange peut aboutir à la prise de décision d’activation du niveau rouge de la vigilance météorologique, en prenant également en considération des éléments de contexte particulier (migrations estivales, manifestations sportives de grande ampleur, la saturation du système de soins, etc.) lorsque les analyses de Météo France conduisent à envisager un niveau proche du rouge.

Le retour d’un niveau de vigilance rouge à un niveau de vigilance inférieur fait également l’objet d’un croisement de dires d’experts et d’une information aux autorités sanitaires nationales. Une information des autorités au niveau territorial est également réalisée, notamment en dehors des jours ouvrés.

Au niveau national

 Des directions et délégations représentantes des différents ministères chargés notamment : de la santé, des affaires sociales, de l’intérieur, du travail, de l’enseignement scolaire, de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative, de l’hébergement et de l’accès au logement, des sports ;
 des agences de sécurité sanitaire : Santé Publique France (SpF), Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) ;
 des organismes nationaux : Météo-France, Haut Conseil de Santé Publique (HCSP).

Au niveau local

 Préfets
 Agences Régionales de Santé (ARS) et Cellules régionales de l’Agence Santé publique France (CIRE)
 Mairies – Centre communal d’action sociale
 Établissements de santé
 Hôpitaux d’Instructions des Armées
 Établissements pour personnes âgées/handicapées
 Médecins/Conseil départemental de l’Ordre des médecins/Union régionale des médecins libéraux
 Établissements sociaux (Centres d’hébergement et de réinsertion sociale, Centres d’accueil pour les demandeurs d’asile), Centres d’hébergement d’urgence et accueils de jours
 Équipes mobiles de type « Samu social »
 Protection sociale (Assurance maladie : Union régionale des caisses d’assurance maladie et son réseau, mutuelles, Caisse régionale d’assurance maladie, Caisse d’allocations familiales, Caisses complémentaires de retraite)
 Rectorats
 Services départementaux d’incendie et de secours
 Services de soins infirmiers à domicile – Associations d’aide à domicile
 Conseils généraux
 Conseils régionaux



Risque épidémique spécifique : Covid-19

En cas de nécessité au regard de la situation épidémiologique du Covid-19 lors de la prochaine saison estivale, les mesures de gestion de l’instruction interministérielle n° DGS/DGOS/DGCS/DGT/DGSCGC/DGEC/2020/82 du 29 mai 2020 relative à la gestion des épisodes de canicule durant la prochaine saison dans un contexte de pandémie Covid-19 resteront applicables en 2023.

pdf Recommandations en matière d’aération, de ventilation et de climatisation (...) Téléchargement du pdf (489.1 kio)
pdf Vague de chaleur : se rafraîchir en toute sécurité en période de COVID Téléchargement du pdf (343.1 kio)