Le contrôle de la qualité de l’eau du robinet

L’eau : l’aliment le plus contrôlé en France

L’eau du robinet est en France l’aliment le plus contrôlé. Elle fait l’objet d’un suivi sanitaire permanent, destiné à en garantir la sécurité sanitaire, depuis le captage dans le milieu naturel, jusqu’au robinet du consommateur.

Le suivi sanitaire de l’eau comprend à la fois :

  • la surveillance exercée par la personne responsable de la production et distribution de l’eau,
  • le contrôle sanitaire mis en œuvre par les Agences régionales de santé.

La surveillance des personnes responsables de la production et distribution de l’eau (PRPDE)

La surveillance se compose :

  • d’une vérification régulière des mesures prises pour protéger la ressource utilisée,
  • d’une vérification du fonctionnement des installations,
  • de la réalisation d’analyses effectuées en différents points en fonction des dangers identifiés dans le système de production et de distribution de l’eau,
  • de la réalisation régulière d’une étude caractérisant la vulnérabilité des installations de production et distribution d’eau vis-à-vis des actes de malveillance pour les unités de distribution les plus importantes.
    L’ensemble des informations ainsi collectées est consigné dans un fichier sanitaire, qui est le support du suivi de l’exploitation.

Le contrôle sanitaire mis en œuvre par les Agences régionales de santé

Le contrôle sanitaire mis en œuvre par les Agences régionales de santé (ARS) comprend :

  • la réalisation d’un programme de prélèvements et d’analyses d’eau en différents points des installations de production et de distribution d’eau,
  • l’expertise sanitaire des résultats d’analyses,
  • l’inspection des installations de production et de distribution d’eau,
  • la prise de décision relative aux mesures de l’administration (autorisations, gestion des non-conformités, etc.),
  • le contrôle de la surveillance exercée par la personne responsable de la production et distribution de l’eau,
  • l’information sur la qualité de l’eau.

Les programmes de contrôle mis en œuvre par les ARS, en application des dispositions de la Directive européenne 2020/2184 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine et du Code de la santé publique, portent sur des paramètres microbiologiques, physico-chimiques ou radiologiques afin de s’assurer que les eaux sont conformes aux exigences de qualité réglementaires et ne présentent pas de risque pour la santé des consommateurs.

Les prélèvements et analyses sont réalisés par des laboratoires agréés pour le contrôle sanitaire des eaux au titre du code de la santé publique et retenus par les Agences régionales de santé après mise en concurrence.

Les fréquences de prélèvements et les types d’analyses à effectuer sont fixés réglementairement, en application du Code de la santé publique :

  • sur la ressource (au niveau des captages), pour évaluer la qualité de l’eau avant tout traitement, la fréquence de ce contrôle étant fonction du débit des installations (de un tous les 5 ans à plusieurs fois par mois) ;
  • au point de mise en distribution (en sortie de la station de traitement ou sur le réseau de distribution), pour s’assurer de la bonne qualité de l’eau après traitement, la fréquence de ce contrôle étant fonction du débit moyen journalier délivré ou du nombre de personnes alimentées (de un tous les 10 ans à plusieurs fois par mois) ;
  • aux robinets normalement utilisés par les consommateurs, pour vérifier le respect des exigences de qualité au robinet et identifier une éventuellement dégradation de la qualité de l’eau dans les canalisations, la fréquence de ces prélèvements varie selon la population alimentée par le réseau de distribution (de un tous les 10 ans à plusieurs dizaines par mois) ; à noter que les paramètres analysés aux points de mise en distribution ne sont pas systématiquement analysés aux robinets, leur concentration n’évoluant pas durant le transport de l’eau jusqu’au robinet.

La fréquence de contrôle peut être adaptée par l’Agence régionale de santé, sous condition, en fonction du contexte local (à la baisse ou à la hausse).

Population desservie Débit (m³/jour)
Fréquence annuelle
Point de mise en distribution
Robinets normalement utilisés pour la consommation humaine
programme d’analyses de routine
programme d’analyses complémentaires
programme d’analyses de routine
programme d’analyses complémentaires
De 0 à 49 habitants De 0 à 9
1
Entre 0,1 et 0,2
Entre 2 et 4
Entre 0,1 et 0,2
De 50 à 499 habitants De 10 à 99
2
Entre 0,2 et 0,5
Entre 3 et 4
Entre 0,2 et 0,5
De 500 à 1 999 habitants De 100 à 399
2
1
6
1
De 2 000 à 4 999 habitants De 400 à 999
3
1
9
1
De 5 000 à 14 999 habitants De 1 000 à 2 999
5
2
12
2
De 15 000 à 29 999 habitants De 3 000 à 5 999
6
3
25
3
De 30 000 à 99 999 habitants De 6 000 à 19 999
12
4
61
4
De 100 000 à 149 999 habitants De 20 000 à 29 999
24
5
150
5
De 150 000 à 199 999 habitants De 30 000 à 39 999
36
6
210
6
De 200 000 à 299 999 habitants De 40 000 à 59 999
48
8
270
8
De 300 000 à 499 999 habitants De 60 000 à 99 999
72
12
390
12
De 500 000 à 624 999 habitants De 100 000 à 124 999
100
12 au moins
630
12 au moins
Supérieur ou égal à 625 000 habitants Supérieur ou égal à
125 000
144
12 au moins
800 au moins
12 au moins

Ce contrôle sanitaire donne lieu chaque année à la réalisation de près de 320 000 prélèvements d’eau et de plus de 18,5 millions d’analyses.

Les exigences de qualité

Les exigences de qualité auxquelles doivent satisfaire les valeurs mesurées pour chaque paramètre sont précisées par le Code de la santé publique, en application de la Directive européenne 2020/2184 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine.

En France, les exigences de qualité sont classées en deux groupes :

  • des limites de qualité pour les paramètres dont la présence dans l’eau induit des risques immédiats ou à plus ou moins long terme pour la santé de la population. Ces limites de qualité concernent, d’une part, les paramètres microbiologiques et d’autre part, une trentaine de substances indésirables ou toxiques (nitrates, métaux, solvants chlorés, hydrocarbures aromatiques, pesticides, sous-produits de désinfection, etc.).
  • des références de qualité pour une vingtaine de paramètres indicateurs de qualité, témoins du fonctionnement des installations de production et de distribution. Ces substances, qui n’ont pas d’incidence directe sur la santé aux teneurs normalement présentes dans l’eau, peuvent mettre en évidence un dysfonctionnement des installations de traitement ou être à l’origine d’inconfort ou de désagrément pour le consommateur.

Ces exigences de qualité sont notamment fondées sur les évaluations menées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour établir des « valeurs guides » en fonction des connaissances scientifiques et médicales disponibles. Une valeur guide est une estimation de la concentration d’une substance dans l’eau de boisson, qui ne présente aucun risque pour la santé d’une personne qui consommerait cette eau pendant toute sa vie.

En complément, d’autres valeurs complémentaires ont été définies par le code de la santé publique :

  • les valeurs indicatives portent sur des paramètres chimiques et permettent d’évaluer la qualité des EDCH et de gérer la présence de ces paramètres dans les EDCH. A ce stade, ces valeurs concernent uniquement les métabolites de pesticides non pertinents après évaluation de l’Anses (valeur fixée à 0,9 µg/L). A termes, d’autres paramètres pourraient être intégrés avec des valeurs indicatives ;
  • les valeurs de vigilance portent sur des paramètres fixées par la Commission européenne. Elles s’inscrivent dans un mécanisme dit de vigilance qui a pour objectif d’organiser un suivi et d’acquérir des connaissances à l’échelle de l’Union européenne sur des paramètres d’intérêt ou des paramètres dits « émergents », qui constituent un sujet de préoccupation sanitaire, qui pourraient être notamment des paramètres de la perturbation endocrinienne, des médicaments, les microplastiques, etc.

La gestion des dépassements des exigences de qualité

La gestion des situations de non respect des exigences de qualité des eaux distribuées au robinet est très encadrée par la réglementation : elle repose sur l’appréciation, en particulier par l’Agence régionale de santé (ARS), de la situation et des risques encourus par la population. En cas de dépassement d’une limite de qualité, la personne responsable de la production et distribution de l’eau doit immédiatement informer le maire et les autorités sanitaires (ARS), procéder à une enquête afin de déterminer les causes du problème et porter les résultats de celle-ci à la connaissance du maire et de l’ARS. Il doit également prendre toutes les mesures nécessaires pour rétablir la qualité de l’eau. En cas de risque pour la santé, l’exploitant en liaison avec l’ARS diffuse des recommandations d’usage à la population, en particulier aux groupes de population les plus sensibles.

→ Pour en savoir plus sur les dérogations aux limites de qualité de l’eau du robinet

La base de données SISE-Eaux d’alimentation

L’ensemble des résultats des analyses réalisées dans le cadre du contrôle sanitaire de l’eau du robinet mis en œuvre par les ARS alimente la base de données nationale « SISE-Eaux d’alimentation » du Ministère chargé de la santé. Cette base de données, créée en 1994, contient ainsi plus de 130 millions de résultats d’analyses mais également la modélisation des 33 500 captages, 16 300 stations de traitement et 25 300 unités de distribution d’eau potable. « SISE-Eaux d’alimentation » est la plus grande base de données du Ministère chargé de la santé.

L’adoption d’un modèle de données unique permet l’exploitation des données de la base « SISE-Eaux » à l’échelle départementale, régionale ou nationale, ou encore à l’échelle des bassins hydrographiques. Les bilans sur la qualité des eaux diffusés par le Ministère chargé de la santé et les ARS se basent en très grande partie sur l’analyse des données de cette base nationale. « SISE-Eaux » permet de répondre à des obligations locales, nationales et européennes, notamment en matière d’information du public.

Plus précisément, « SISE-Eaux » permet aux ARS :

  • d’assurer leur mission de contrôle sanitaire réglementaire des eaux en lien avec les laboratoires agréés,
  • de produire les bulletins d’analyses transmis aux maires et aux services des eaux,
  • de produire la synthèse annuelle sur la qualité de l’eau du robinet jointe à la facture d’eau,
  • de faire des bilans régionaux sur la qualité des eaux et divers documents d’information,
  • d’échanger les données avec les acteurs locaux et notamment avec les collectivités, exploitants et agences de l’eau,
  • de suivre l’avancée des procédures de mise en place des périmètres de protection des captages,…

« SISE-Eaux » permet au Ministère chargé de la santé :

  • de répondre aux obligations de rapportage sur la qualité des eaux auprès de la Commission européenne,
  • d’élaborer des bilans nationaux sur la qualité des eaux,
  • de disposer rapidement d’un état des lieux national sur un paramètre donné,
  • de mettre à disposition ou d’échanger des données avec des organismes publics, sur la base de conventions (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, Santé publique France, Ministères chargés de l’écologie et de l’agriculture, Agences de l’eau, Office français de la biodiversité, Bureau de recherches géologiques et minières, Fédération nationale des observatoires régionaux de la santé,…),
  • de mettre à disposition du public sur Internet les données du contrôle sanitaire,…

La base « SISE-Eaux » alimente aussi le portail national d’accès aux données sur les eaux souterraines (ADES) géré par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) ainsi que le Système d’information sur les services publics de l’eau et de l’assainissement (SISPEA) géré par l’Office français de la biodiversité (OFB).