Professionnels : votre rôle pour préserver l’efficacité des antibiotiques

Les professionnels de santé sont les premiers acteurs de la mise en œuvre de la stratégie de juste utilisation des antibiotiques.

L’administration répétée d’antibiotiques chez l’homme ou l’animal crée une pression de sélection qui favorise l’émergence et la dissémination de souches résistantes aux antibiotiques.

Pendant de nombreuses années, les progrès pharmaceutiques ont offert de nouvelles molécules pour répondre aux impasses thérapeutiques générées par l’apparition d’un mécanisme de résistance. Aujourd’hui, les nouvelles molécules sont rares et la maîtrise de la résistance aux antibiotiques est devenue un enjeu majeur de santé publique.

Le bon usage des antibiotiques (« ils sont précieux, utilisons-les mieux ») permet à la fois une meilleure qualité de prise en charge des patients et une réduction des prescriptions et des consommations injustifiées ; le bon usage permet de préserver l’efficacité des antibiotiques en réduisant le risque de développement des résistances bactériennes (en allégeant la « pression de sélection » vers la résistance aux agents antimicrobiens).

L’antibiorésistance a des conséquences sur votre pratique quotidienne : elle peut vous confronter à d’avantage d’échecs thérapeutiques et une prise en charge plus complexe et elle met en danger la santé de vos patients et celle de la collectivité.

Améliorer la prise en charge par les antibiotiques

Pour que la prise en charge soit efficace le professionnel doit avoir à sa disposition des outils lui permettant de faire les bons choix, être formé aux spécificités des infections bactériennes, tout comme sur l’utilisation des antibiotiques et des phénomènes de résistance.

Il est également nécessaire que le patient soit confiant dans la démarche du professionnel et dans la solution thérapeutique qu’il préconise, afin que le traitement soit correctement suivi.

L’usage des antibiotiques doit être réservé aux seules situations dans lesquelles ils sont nécessaires. Lorsque les antibiotiques sont indiqués, les recommandations de bonnes pratiques doivent être suivies pour choisir l’antibiotique le mieux adapté, la dose et la durée de prescription adéquate. Ces recommandations prennent en compte l’évolution des résistances aux antibiotiques. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est nécessaire d’utiliser ceux préconisés en première intention.

Préserver les antibiotiques considérés comme « critiques »

Plusieurs instances au niveau communautaire et international (Organisation Mondiale de la Santé) ont engagé des réflexions sur la détermination d’antibiotiques dits "critiques", prenant en compte des considérations épidémiologiques spécifiques. En France, l’ANSM a établi la liste de ces antibiotiques dits « critiques », qui a été mise à jour en 2022 par la SPILF.

Ces antibiotiques "critiques" nécessitent une prescription et/ou une dispensation contrôlée par des mesures spécifiques. Ils regroupent à la fois ceux qui sont considérés comme particulièrement générateurs de résistances bactériennes, et ceux qui présentent un intérêt particulier en traitement dit de "dernier recours" de certaines infections.

Les antibiotiques dits "de dernier recours" sont des antibiotiques de dernière ligne sans autre alternative thérapeutique, soignant des pathologies graves ou des infections dues à des bactéries multirésistantes uniquement sensibles à ces antibiotiques. Leur utilisation est principalement hospitalière.
Ces listes d’antibiotiques sont amenées à évoluer en fonction des données de surveillance, de l’évolution des résistances des bactéries et de la politique de gestion des antibiotiques, considérant le contexte national et européen tant du côté humain que du côté vétérinaire.

Pour en savoir plus :
 Les antibiotiques considérés comme "critiques" : premières réflexions sur leur caractérisation - Point d’information (ANSM)
 Antibiotiques critiques disponibles en France (SPILF)

La surveillance de la résistance

La surveillance des résistances et de leurs émergences est nécessaire pour proposer des actions adaptées à la réalité du terrain.
La surveillance de la résistance bactérienne aux antibiotiques et des consommations antibiotiques repose sur de nombreux partenaires (notamment un réseau de laboratoires volontaires en établissements de santé et en ville) et réseaux de surveillance dont la coordination est placée sous l’égide de Santé publique France.

Pour en savoir plus :
 Résistance aux antibiotiques (Santé Publique France)
 Observatoire National de l’Epidémiologie de la Résistance Bactérienne aux Antibiotiques (ONERBA)
 Le RéPias : 5 missions nationales de surveillance et de prévention, pilotées par Santé Publique France

Cette surveillance française entre dans le cadre d’une surveillance à l’échelle européenne de la résistance aux antibiotiques en santé humaine (European Antimicrobial Resistance Surveillance Network, EARS-Net). En parallèle, un réseau de surveillance en santé animale (Resapath), piloté par l’ANSES recueille les données de surveillance de la résistance des bactéries pathogènes pour les animaux.

pdf Résistance aux antibiotiques dans l’Union européenne (en anglais) Téléchargement du pdf (1.1 Mio)

La communication annuelle sur les données de consommation et de résistance

Une synthèse annuelle, coordonnée par Santé publique France, sur l’usage des antibiotiques et les résistances bactériennes, est publiée tous les ans en novembre en partenariat avec l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), la Caisse Nationale d’Assurance maladie (CNAM), la HAS et les Ministères de tutelle. Dans une perspective « Une seule santé », elle actualise chaque année les informations disponibles sur l’antibiorésistance et sa prévention dans ses trois volets : santé humaine, santé animale et environnement. En santé humaine, les données de consommation d’antibiotiques et de résistance publiées par SpF concernent les trois secteurs de l’offre de soins (ville, établissements de santé, établissements médico-sociaux). Des résultats encourageants ont été observés, avec une tendance à la baisse des consommations d’antibiotiques et de certaines résistances bactériennes aux antibiotiques, dans les trois secteurs.