Une seule santé : l’antibiorésistance concerne les hommes mais aussi les animaux et l’environnement

Une seule santé, une seule planète

L’antibiorésistance est un phénomène qui ne connaît pas de frontière ; c’est également un phénomène qui concerne à la fois la santé humaine, la santé animale et celle des écosystèmes.
La lutte contre l’antibiorésistance nécessite donc d’une action globale « une seule santé, une seule planète ».

Antibiorésistance, une menace pour l’ensemble du vivant

Largement diffusés depuis le début des années 1970, les antibiotiques sont utilisés tant en médecine humaine qu’en élevage, ce qui a contribué à augmenter leur présence dans l’environnement. humaine, santé animale et santé des écosystèmes sont interconnectées et forment un tout, selon l’approche « One Health » ou « Une seule santé, une seule planète » préconisée par l’Organisation Mondiale de la Santé.

Une contamination croisée avec l’environnement

Tous les êtres vivants sont désormais susceptibles d’entrer en contact avec des bactéries résistantes. Par ses multiples interactions avec l’environnement, l’activité humaine contribue à diffuser les résistances dans l’eau, le sol ou la nourriture, augmentant encore l’impact de l’antibiorésistance.

Les milieux naturels deviennent des réservoirs de gènes de résistance, mais également de véritables laboratoires de sélection de nouvelles résistances, transmissibles à l’homme.

Dans une moindre mesure, l’antibiorésistance engendrerait la pollution de la faune et de la flore, et la diffusion de résidus bactériens dans les fleuves, les champs ou les nappes phréatiques.

Des études sont actuellement en cours sur les mécanismes de développement de l’antibiorésistance dans l’environnement, ainsi que sur l’état de la contamination des différents milieux en antibiotiques, résidus et bactéries résistantes. Différents projets de recherche ont été lancés sur l’antibiorésistance dans l’environnement et afin d’élaborer des solutions efficaces pour lutter contre la contamination des milieux.

Un milieu aquatique contaminé par l’homme

Les eaux sont largement contaminées par les antibiotiques, leurs résidus, les bactéries et les gènes de résistance provenant majoritairement des stations d’épuration urbaines. A Paris, par exemple, l’agglomération rejette dans ses eaux usées entre 40 et 100 mg de bactéries par litre, dont 30 à 50 % s’avèrent résistantes. Le taux de bactéries résistantes est encore plus important dans les eaux usées provenant des établissements de soins.

Les eaux contaminées contribuent à enrichir le sol en antibiotiques ou en bactéries résistantes. Un hectare de sol renferme ainsi plus d’une tonne et demie de bactéries.

La contamination des milieux par les antibiotiques, leurs résidus et les bactéries résistantes, contribue au développement de l’antibiorésistance et favorise la transmission à l’homme.

Une nature contaminée par les animaux

Produits par les animaux, les effluents d’élevage (comme le fumier) épandus sur les sols peuvent aussi contenir des bactéries résistantes ou des résidus d’antibiotiques, notamment s’ils ne sont pas traités ou stockés au préalable. Les légumes peuvent être contaminés par des bactéries résistantes aux antibiotiques issues de fumier animal utilisé comme engrais.

Des animaux qui peuvent contaminer l’homme… et inversement

Les animaux peuvent être traités par antibiotiques et, donc, être porteurs de bactéries résistantes aux antibiotiques. Les bactéries résistantes aux antibiotiques peuvent être transmises à l’homme par l’ingestion d’aliments contaminés lors de la chaîne de production alimentaire, ou par contact direct avec les animaux. Les hommes peuvent transmettre des bactéries résistantes aux animaux notamment à leurs animaux de compagnie.

Le mauvais usage des antibiotiques compromet l’efficacité des traitements pour les animaux ainsi que leur bien-être.

En santé animale, 96 % des antibiotiques sont consommés par les animaux destinés à la consommation humaine et 4 % par les animaux domestiques.

La législation européenne a interdit depuis 2006 l’utilisation des antibiotiques comme facteurs de croissance chez les animaux de rente, ce qui a réduit le niveau d’exposition aux antibiotiques des productions animales, et par conséquent, des humains qui les consomment.

La mobilisation des éleveurs, des propriétaires d’animaux de compagnie, des vétérinaires et de l’ensemble des acteurs sanitaires est indispensable pour continuer à relever le défi de la lutte contre l’antibiorésistance.

Lancé en 2012, le plan Ecoantibio a commencé à donner des résultats encourageants dans la réduction de l’antibiorésistance. Il visait à réduire de 25 % en cinq ans l’usage des antibiotiques dans l’élevage et ainsi préserver l’efficacité thérapeutique des antibiotiques. Entre 2012 et 2016, l’utilisation d’antibiotiques vétérinaires, pour toutes les espèces animales, a diminué de 37 %, grâce à la mobilisation de tous les acteurs. Alors qu’un deuxième plan Ecoantibio a été lancé en 2017, ce bilan positif doit être conforté.

Des hommes qui peuvent contaminer… les hommes

Les bactéries résistantes sont transmises par l’homme lorsque celui-ci se rend dans un établissement de soins (hôpital, clinique, centre de santé…) et peuvent se propager à d’autres patients si les conditions d’hygiène sont insuffisamment respectées.

En résumé :

1. Les antibiotiques sont administrés aux hommes, mais aussi aux animaux d’élevage, en cas de maladie infectieuse, et utilisés dans les cultures pour lutter contre certaines maladies qui touchent la faune et la flore.
2. Des bactéries présentes dans les intestins des hommes ou des animaux peuvent devenir résistantes aux antibiotiques.
3. Les bactéries résistantes se propagent : par le contact direct d’homme à homme ou par le contact homme / animal ; à travers l’environnement (eaux, sols) ; via des aliments d’origine animale ou végétale, contaminés au cours de la chaîne de production

Source : Résistance aux antibiotiques - Inserm, La science pour la santé



Antibiorésistance, une menace qui ne connaît pas de frontières

Les risques sanitaires tendent à s’uniformiser dans un monde de plus en plus globalisé. La résistance aux antibiotiques ne connaît pas de frontières. Elle atteint désormais des niveaux élevés dans toutes les régions du monde, particulièrement dans les pays des continents indien et asiatique, et ceux du pourtour méditerranéen. De nouveaux mécanismes de résistance apparaissent et se propagent à travers la planète. Il est ainsi nécessaire d’avoir une approche globale pour lutter contre ce phénomène. L’Union européenne (UE) a publié en juin 2017 son plan d’action Européen de lutte contre l’antibiorésistance, pendant européen au plan mondial de l’OMS lancé en 2015.

Pour plus d’information sur l’engagement international, consultez les pages :

"Mobilisation à l’échelle mondiale"

"Mobilisation à l’échelle européenne"