François Braun lance les travaux de refondation du métier infirmier

Lors de la clôture de la réunion plénière du Conseil national de la refondation (CNR) Santé le 3 mai dernier, le ministre de la Santé et de la Prévention François Braun a réaffirmé sa volonté que l’année 2023 soit une année charnière de la refondation du métier infirmier structurée autour de trois axes :
 

  • Les compétences : les activités réalisées par les infirmiers et les infirmières étant de plus en plus techniques et diversifiées et les prises en charge de plus en plus complexes, il est désormais nécessaire de passer d’un encadrement strict des actes autorisés à une approche plus agile par grandes missions ;
  • La formation : pour répondre aux besoins de santé de la population, renforcer des disciplines peu enseignées alors qu’essentielles (comme la pédiatrie, la psychiatrie ou la gériatrie) et aux aspirations légitimes de la communauté étudiante, il est nécessaire de repenser les cursus de formation pour les adapter aux besoins locaux, attirer toujours plus de jeunes et renforcer leur accompagnement jusqu’au diplôme ;
  • Les carrières : parce que le métier d’infirmier est un métier d’avenir, il nous faut rénover et renforcer les collectifs de travail au sein desquels ils exerceront des compétences élargies, en équipe, et verront leurs expertises reconnues dans une perspective de progression et d’évolution professionnelle.

Pour réussir cette transformation inédite du métier d’infirmier, le ministre de la Santé et de la Prévention a tenu à présenter lors d’un séminaire plénier sa méthode et les premières pistes d’action pour co-construire avec les professionnels une formation rénovée ainsi qu’un cadre d’exercice modernisé dans les dix-huit prochains mois.

Une nécessaire évolution du cadre d’exercice

L’extension des compétences des infirmiers répond autant à un enjeu de valorisation de l’activité des professionnels qu’aux besoins de santé des Français.

La meilleure mobilisation des compétences des infirmiers constitue un enjeu clé des prochaines années. La loi dite « Rist 2 » portant amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé et la loi de financement de la sécurité sociale LFSS 2023 ouvrent de nouvelles perspectives aux infirmiers. La prise en charge des plaies chroniques en accès direct dans le cadre d’un exercice coordonné, l’extension de la compétence vaccinale à l’ensemble des vaccins du calendrier vaccinal (prescription et administration) et la réalisation des certificats de décès sous forme d’expérimentation dans 6 régions qui débutera dès cet été sont désormais autorisés pour cette profession.

Par ailleurs, la réussite des protocoles de coopération, qui permettent aux professionnels travaillant en équipe de réorganiser leurs interventions auprès des patients en procédant à des délégations de tâches, démontre la capacité du groupe infirmier à évoluer pour s’adapter aux besoins de santé et collaborer efficacement avec les différents professionnels de santé pour mieux répondre aux demandes de soins et de prévention. Actuellement 85 protocoles nationaux ou locaux sont autorisés et concernent près de 6 000 infirmiers. Le processus d’adhésion est simplifié depuis la loi dite Rist 2, ce qui permettra d’engager davantage d’équipes, en ville comme en établissement. Ce contexte favorable à la profession nous permet par ailleurs de réfléchir à l’intégration de certains d’entre eux dans le droit commun, c’est le travail que nous allons mener dès à présent.

Capitaliser sur cette dynamique est essentiel. A ce titre, il conviendra d’apporter des modifications d’ampleur sur le décret infirmier dont la dernière version date de 2004, particulièrement prescriptif, et essentiellement élaboré selon des listes d’actes. Les éléments de comparaison internationale sur la profession démontrent que des évolutions ambitieuses sont possibles, en particulier en raisonnant par grandes missions dévolues aux infirmiers et en sécurisant l’élargissement de leur champ de compétences par la formation et la collaboration avec le médecin. Ces évolutions seront concertées avec les parties prenantes, pour transformer le cadre d’exercice infirmier (prévention et éducation thérapeutique, coordination du parcours, soins de proximité, etc.) d’ici la rentrée 2024 prochaine.

Une formation rénovée pour faciliter l’adaptation des exercices professionnels aux enjeux de la santé

Maladies chroniques, technicité des soins, prises en charges innovantes, pluriprofessionnelles, extra et intra-hospitalières, requérant autonomie, rigueur et capacité à travailler en équipe, nécessitent de repenser la formation des futurs professionnels de santé pour prendre en compte ces nouvelles données. Les évolutions sur l’exercice sont indissociables de celles de la formation.

Afin de permettre à toujours plus de jeunes d’accéder et de réussir dans la formation infirmière, seront engagés :
 

  • Une évolution de la formation dès la rentrée 2024 : contenus, ingénierie pédagogique, alternance et parcours de stages sont autant de thématiques qui feront l’objet de groupes de travail dédiés ;
  • La lutte contre le décrochage et la sécurisation des parcours individuels, de la sélection à l’intégration professionnelle, est érigée en priorité pour que tous les étudiants qui ont choisi ce métier l’exercent. A cet égard, le ministre de la Santé et de la Prévention lancera dans les prochains jours, en lien avec le ministère de l’Enseignement supérieur, une mission pour continuer à faire évoluer le contenu de la plateforme Parcoursup en s’appuyant sur la concertation et les retours des utilisateurs. Parcoursup est un véritable outil de visibilité et d’accessibilité des formations, les études infirmières font partie du trio de tête des formations les plus demandées depuis l’ouverture de la plateforme en 2019 ;
  • Un plan d’action global autour de la politique de stage sera construit avec les parties prenantes, personnalisable selon les besoins des territoires. Il engagera tous les acteurs dans une politique de tutorat volontariste et professionnalisante, définira les grands principes d’une démarche qualité basée sur l’expérience utilisateur et associera étroitement étudiants, élus et professionnels pour proposer des solutions en faveur de l’accompagnement des étudiants (hébergement notamment) et de la diversification des offres de stage.

Un travail sur les représentations professionnelles, les valeurs attendues pour partager ces métiers du soin et l’image du métier est à mener autour de projets qui seront menés dès le lycée :
 

  • Le développement des cordées de la réussite par les IFSI, pour permettre aux lycéens les plus éloignés du système de s’autoriser à croire en leur potentiel et d’oser intégrer ces formations dès la rentrée 2023 ;
  • En parallèle, le déploiement du mentorat comme levier professionnel d’émancipation de tous les jeunes, favorisant les regards croisés, consacré grande cause nationale 2023 par la Première ministre ;
  • La diversification des modes d’entrée en formation à compter de septembre 2023 grâce à l’apprentissage proposé dès la première année et aux parcours réussite dédiés aux aides-soignants expérimentés, pour attirer de nouveaux étudiants, favoriser la diversité et valoriser les expériences antérieures.

Un pacte renouvelé avec les régions pour former plus et mieux piloter collectivement

Après dix ans de gel des quotas, 6 093 places supplémentaires ont été ouvertes dans les formations infirmières depuis 2020, soit une hausse de 18 %, dont les premiers effets seront ressentis dès l’année prochaine sur le système de santé.

En concertation avec la commission santé de Régions de France, le ministre de la Santé et de la Prévention a convenu de lancer, début juin, un comité de suivi permettant de faire le bilan de ces travaux. En parallèle, d’ici à septembre, il souhaite avancer grâce aux travaux de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) sur la structuration d’un pilotage national et territorialisé des besoins en formation, en fonction des besoins de santé de la population. Des comités stratégiques associant les régions, les élus, les ARS, les établissements de santé et les instituts de formation pourront travailler à la définition de leurs projets locaux, proposer des expérimentations, et anticiper leurs augmentations capacitaires sur la base des projections démographiques de l’ONDPS.

Le ministre de la Santé et de la Prévention François Braun aura à cœur de s’appuyer sur la méthode du Conseil national de la Refondation (CNR) Santé puisque c’est à l’échelle des territoires que seront bâtis les projets, dans un cadre de formation et d’exercice rénové, agile et moderne qui laissera la place aux initiatives locales.

Une concertation des parties prenantes d’ampleur et une méthode de co-construction

Pour rendre possible cette transformation inédite du métier d’infirmier, le ministre de la Santé et de la Prévention souhaite donner la parole aux acteurs pour qu’ils s’approprient pleinement la démarche et soient les principaux porteurs des changements.

A ce titre, nous lancerons :
 

  • Une campagne d’information dynamique ;
  • Trois grandes consultations nationales auprès des infirmiers, des étudiants et des patients sur l’année 2023 pour recueillir les avis et envies des parties prenantes ;
  • Des concertations régulières avec les organisations syndicales représentatives de la fonction publique hospitalière et des infirmiers libéraux conventionnés ;
  • Des consultations et de la co-construction avec les acteurs institutionnels, les Régions et l’ensemble des élus, les Agences régionales de santé (ARS), les employeurs ;
  • La constitution de plusieurs « groupes témoins », composés de professionnels, d’étudiants, de patients, qui seront en interaction avec les groupes de travail.

Ces travaux s’inscrivent dans un travail conduit en interministériel pour un nouvel engagement en faveur de l’attractivité des métiers du soin.

Contact presse

Cabinet de M. François Braun
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